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Retour vers l’hypofractionnement

Le principe de l’hypofractionnement en radiothérapie est de délivrer une dose plus élevée par séance et de réduire la durée du traitement.

Ce concept avait été mis en place au début des traitements par radiothérapie par les écoles allemande et autrichienne puis abandonné pour le fractionnement classique que l’on connait aujourd’hui.

Dans les années 70, il est à nouveau envisagé mais à cette époque les complications tardives qui en découlent le font à nouveau disparaitre. Il est à noter que par rapport à cette épique, les traitements actuels sont réalisés par des techniques d’irradiation différentes, en termes de précision, de dosimétrie et d’énergie.

Au début des années 2000, le Centre Antoine Lacassagne est particulièrement novateur avec les études du Dr Courdi dans le traitement des cancers du sein chez la femme âgée. Il s’agit alors de délivrer une séance par semaine pendant cinq semaines ou plus.

Les résultats à long terme sont alors encourageants en faveur de l’hypofractionnement dans le cancer du sein. L’absence de différence d’effets secondaires à long terme est maintenant bien connue. Logiquement, ces protocoles d’hypofractionnement sont de plus en plus réalisés principalement pour les cancers du sein, de la prostate et du poumon.

Dans le cadre du cancer du sein, l’avantage est de proposer des schémas plus courts comportant moins de séances, ce qui permet de simplifier l’accès au traitement pour les patientes. Le protocole classique consiste en 25 séances de radiothérapie, mais il est possible, pour certaines patientes, de ne faire que 15 séances en 3 semaines. L’absence de différence d’effets secondaires est probablement à mettre sur le compte de la précision, de la dosimétrie et de l’énergie utilisée [1,2]. Récemment, il est même proposé de réaliser tout le traitement ionisant en seulement 5 jours, à raison d’une séance par jour.

Dans le cas du cancer de la prostate, l’hypofractionnement est permis par la précision obtenue avec les techniques d’irradiation moderne. Celle-ci va permettre de diminuer les toxicités tardives en sachant que le cancer de la prostate serait plus sensible à un fractionnement plus élevé.

Ces éléments doivent être aussi mis en comparaison avec l’hypofractionnement extrême permis par la précision du CyberKnife® : trois à cinq séances dans le cadre des cancers pulmonaires, et cinq séances pour les cancers de la prostate. Il s’agit d’un changement majeur dans la prise en charge de ces types de cancers.

En conclusion, nous assistons à un grand retour de l’hypofractionnement dans le traitement de plusieurs types de cancers. On comprend l’intérêt majeur de l’hypofractionnement pour les patients, celui-ci permettant une amélioration importante de la qualité de vie avec des effets secondaires comparables au traitement conventionnel. Il en découle une simplification de la prise en charge pour le plus grand bien des patients.

Dr Pierre-Yves BONDIAU,
Chef du Département de Radiothérapie

[1] Short-Course Hypofractionated Radiation Therapy With Boost in Women With Stages 0 to IIIa Breast Cancer: A Phase 2 Trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys. 2016 Jan
1;94(1):118-125. Stuti Ahlawat 1, Bruce G Haffty 1, Sharad Goyal 1, Thomas Kearney 1, Laurie Kirstein 1, Chunxia Chen 2, Dirk F Moore 2, Atif J Khan 3
[2] 5-Year Results of a Prospective Phase 2 Trial Evaluating 3-Week Hypofractionated Whole Breast Radiation Therapy Inclusive of a Sequential Boost. Int J Radiat Oncol Biol
Phys. 2019 Oct 1;105(2):267-274 Gupta A, Khan AJ, Yegya-Raman N, Sayan M, Ahlawat S, Ohri N, Goyal S, Moore DF, Eladoumikdachi F, Toppmeyer D, Haffty BG.