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DEPUIS DÉBUT MAI DES CONSULTATIONS D’ONCO-FERTILITÉ, RÉALISÉES PAR LE DR WASSIM BADIOU, SONT PROPOSÉES AUX PATIENTS ET PATIENTES DU CENTRE. ELLES S’ADRESSENT À TOUT(E) PATIENT(E) CONCERNÉ(E) PAR UNE PRÉSERVATION DE LA FERTILITÉ, IDÉALEMENT AVANT LE DÉBUT DES TRAITEMENTS.


Oncofertilité : la fertilité pendant un cancer

Quel que soit le sexe du patient, s’il est en âge de procréer, la question de la fertilité et du cancer est toujours abordée par l’oncologue. En effet certains traitements du cancer peuvent induire une baisse de la fertilité, voire une stérilité. Cependant le parcours de préservation de la fertilité de la femme et de l’homme pendant un cancer sont totalement différents. Il faut donc envisager, selon les cas, une prise en charge spécifique de “préservation de la fertilité” pour les patients atteints de cancer.

Différentes techniques de préservation permettent de prélever des gamètes ou des tissus germinaux qui seront conservés et utilisés après le traitement anti-cancéreux dans le cadre d’une Assistance Médicale à la Procréation (AMP). Il n’est pas possible de garantir un succès de l’utilisation ultérieure de ces cellules et tissus prélevés mais cela permet de donner des chances aux patients qui le souhaitent de mener à bien un projet parental après la maladie. Ces techniques de préservation ne peuvent être mises en œuvre que dans des centres autorisés à la préservation de la fertilité.

La préservation de la fertilité chez la femme

La question de la fertilité et du projet de grossesse après cancer concerne toutes les femmes en âge de procréer.

La prise en charge du traitement d’un cancer peut impacter la fertilité par plusieurs mécanismes :

⇒ Certaines chirurgies pelviennes lorsqu’elles touchent les ovaires ou l’utérus.
⇒ La chimiothérapie peut diminuer la réserve ovarienne.
⇒ La radiothérapie peut également diminuer la réserve ovarienne et dans certains cas altérer la cavité utérine.
⇒ L’hormonothérapie n’a pas d’impact direct sur la fertilité mais elle impose un certain délai avant de pouvoir envisager une grossesse.

Les derniers plans cancers font état de l’importance de référer toute patiente de moins de 40 ans, devant recevoir un traitement anticancéreux du type chimiothérapie et / ou radiothérapie, en consultation d’oncofertilité. Cela concerne principalement les patientes atteintes de cancer du sein, hémopathie (leucémie aiguë, lymphome), cancer gynécologique (ovaires, col de l’utérus, endomètre), cancers colorectal et les tumeurs solides de l’enfant (neuroblastomes, néphroblastomes, sarcomes).

La radiothérapie pelvienne peut entraîner des dommages plus ou moins irréversibles par toxicité ovarienne (atteinte des follicules primordiaux) pouvant conduire à une insuffisance ovarienne prématurée. Contrairement à la chimiothérapie, la radiothérapie lorsqu’elle touche l’utérus, peut être à l’origine d’une fibrose séquellaire à l’origine d’un sur-risque d’échecs d’implantation embryonnaire et de complications obstétricales (fausses couches précoces, fausses couches tardives, retards de croissance in utero, morts fœtales in utero et d’accouchements prématurés).

La conservation d’ovocytes : pour les patientes pubères, célibataires ou en couple, avec ou sans enfants.

Après une stimulation hormonale des ovaires, les ovocytes sont prélevés avant le début de tout traitement pouvant avoir des conséquences sur la fertilité. Ils sont ensuite congelés et stockés dans de l’azote liquide.

La conservation d’embryons : pour les patientes vivant en couple avec ou sans enfants.

Après une stimulation hormonale des ovaires, les ovocytes sont prélevés avant le début de tout traitement pouvant avoir des conséquences sur la fertilité. Ils sont alors mis en fécondation avec les spermatozoïdes du conjoint pour obtenir des embryons qui sont ensuite congelés et stockés dans de l’azote liquide.

La conservation de tissus ovariens pour toutes les patientes (seule technique accessible aux patientes non pubères)

Lors d’un geste chirurgical (par cœlioscopie le plus souvent), un ovaire partiel ou entier est prélevé. Cette technique a pour avantage de pouvoir être proposée à une patiente ayant déjà reçu un traitement anticancéreux mais offre des résultats, en taux de grossesse, très inférieurs aux deux autres techniques.

Classiquement, compte tenu des chances de succès très faibles, la préservation de la fertilité n’est pas proposée aux femmes de plus de 40 ans.

La question de la fertilité masculine est abordée avec tous les hommes jeunes ou ayant des projets de paternité lors de leur consultation en oncologie.

Certains cancers, de par leur chirurgie, comme le cancer de la prostate, du testicule ou de la vessie, peuvent toucher de façon locale les organes reproducteurs masculins et donc parfois altérer de façon définitive la fertilité. Également, dans tous les types de cancers, les traitements par chimiothérapie provoquent des risques de diminution de la fertilité, avec une récupération de la qualité de celle-ci possible ultérieurement.

Si les hommes concernés adhèrent à la proposition de l’oncologue et souhaitant agir pour leur fertilité avant la mise en place du traitement de leur cancer, ils seront redirigés au CECOS pour y effectuer une conservation de leur sperme.

L’autoconservation de spermatozoïdes : pour les patients pubères jusque 60 ans.

Le recueil du sperme se fait avant le début de tout traitement. Les spermatozoïdes sont congelés en paillettes et stockés dans de l’azote liquide. Ils peuvent alors être conservés très longtemps sans que leur pouvoir fécondant ne soit altéré.

La conservation de tissus testiculaires : pour les patients non pubères.

Cette technique qui consiste à prélever et conserver du tissu testiculaire est encore expérimentale et n’a pas encore permis à ce jour d’obtenir de grossesse dans l’espèce humaine.

Les consultations d’oncofertilité se situent de façon très précoce dans le parcours de soin, idéalement avant le début des traitements, afin de pouvoir intégrer la préservation de fertilité au mieux à la prise en charge. Ces consultations vont permettre d’évaluer l’impact possible des traitements, et selon les cas, d’envisager des méthodes de préservation de la fertilité. Chacune de ces méthodes sont discutées au cas par cas selon l’âge, le type de cancer, l’urgence et le traitement de la patiente.

Ces consultations d’oncofertilité sont aussi le moment de faire le point sur une contraception efficace et bien adaptée à la patiente afin d’éviter tout risque de grossesse pendant les traitements et avant la réelle possibilité de mise en route du projet de grossesse. À la fin du traitement, toutes les patientes peuvent être accompagnées sur leur projet de grossesse grâce à une évaluation de leur réserve ovarienne ainsi que de leur fertilité.

Dr Wassim BADIOU
Chirurgien gynécologue obstétricien